La Chorale du Brassus ne renie pas son très riche passé, et n’oubliera jamais ce qu’elle doit à André Charlet. Mais, comme le cinéaste Woody Allen, elle s’intéresse beaucoup à l’avenir, car elle compte bien y passer les prochaines années ! Sous la houlette de Stanislava Nankova, notre chœur d’hommes et son effectif d’une quarantaine de chanteurs cultive, encore et toujours, tous les genres de la musique chantée qui ont fait sa réputation : chants populaires, chœurs religieux et romantiques, grands airs d’opéra… Pourtant, l’empreinte de la nouvelle cheffe se marque déjà par de nombreux emprunts à ces musiques venues de l’Est de l’Europe, ces chœurs orthodoxes tellement accordés aux voix masculines. En douceur et progressivement, notre répertoire s’enrichit et se renouvelle. Stanislava Nankova génère aussi un nouvel élan, un nouveau dynamisme, sans lesquels un chœur, aussi prestigieuse soit son histoire, s’endort sur ses lauriers…
Signe de ce renouveau: la Chorale du Brassus renoue avec une très intense activité de concerts en Suisse romande et en France. Elle a déjà retrouvé les lambris dorés du Victoria Hall, participé à un Festival en Lorraine et à la 20ème Schubertiade d’Yverdon-les-Bains. Avant de reprendre,tout récemment, le chemin de l’enregistrement avec un CD, «L’Envolée»,qui marie les voix d’hommes avec les cuivres du Geneva Brass Quintett et l’inoubliable flûte de Pan du virtuose Michel Tirabosco. Soucieuse de la défense et de l’illustration du chœur d’hommes, la chorale a organisé en 2024, –et pour la sixième fois!– un Festival international qui a regroupé de prestigieux ensembles venus de Russie et d’Europe. De quoi combler les amateurs du genre, comme en témoigne le succès des éditions précédentes. «Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves», a dit quelqu’un. C’est notre profonde conviction et un chaleureux merci, cher public et amis de la Chorale, de nourrir ce beau rêve avec nous!
Il était une fois…
C’est ainsi que débutent les plus beaux contes de notre enfance, ceux que l’on se raconte en famille ou entre amis, autour de la table, souvenirs, histoires, anecdotes, images qui sont la poésie des gens et des lieux, leur vérité.
Il était donc une fois…
La scène se passe en octobre 1951. Lorsque le train régional qui conduit ses voyageurs au Brassus longea la rive gauche du Lac de Joux, j’ouvris avec impatience la fenêtre du wagon. Il faisait déjà nuit, un brise fraîche fouetta aussitôt mon visage.
« – La voici enfin cette vallée de chanteurs de légende, ce pays des belles voix. »
D’un pas hésitant, je me dirigeai vers le lieu de répétition pour ce premier rendez-vous – je devrais dire: « mon premier examen » – entre les chanteurs de la Chorale du Brassus et leur nouveau chef, un gamin!
Ce qui me frappa d’emblée, ce fut la noblesse des attitudes, le silence attentif de ces soixante hommes, la dignité de leur tenue vestimentaire pourtant simple et ce regard intérieur, comme une interrogation à laquelle seul le chant de tous pourrait peut-être donner réponse.
Ce fut mon premier… coup de foudre!
Il était une fois…
Une légende, et elle est tenace, on lui fait confiance aujourd’hui encore! Le climat sain, contrasté, l’air pur de la merveilleuse Combe, le parfum des herbages et des sapins – c’est en tout cas ce que prétendait notre ami Jean Villard GILLES! – la quiétude des gens et des lieux expliqueraient le mystère et la richesse des timbres colorés de ces voix identifiables entre toutes!
Méfions-nous de ces persistantes assertions. Et pourtant, j’ai souvent observé que le visiteur venu de la plaine chanter à la Vallée, une fois Pétrafélix ou le Pré de Bière franchis, devient Combier, d’esprit, de coeur et surtout de voix!
La voix vient à celui qui chante sans se lasser. Le travail façonne l’outil, et le chant premier est chant d’église.
Le psaume puis le cantique, importés de France et d’Allemagne, ont fleuri dans la Vallée protestante.
Le psautier d’église devint le livre de famille, une sorte de livre de poche et de chevet.
On chantait quotidiennement à l’unisson ces robustes mélodies que l’on répétait les soirs de semaine, parfois avec un accompagnement de cuivres, afin d’en perfectionner la technique vocale et l’interprétation pour le service religieux du dimanche!
Je reste persuadé que ce patient exercice quotidiennement répété explique en grande partie ce sens inné de la musique chorale qu’ont hérité les enfants bénis de ces générations, et qu’ils ont fidèlement transmis à leurs descendants, d’une génération à l’autre. Ajoutons à cette exigence permanente du beau chant contrôlé le goût naturel ou patiemment acquis du travail artisanal de précision et de perfection artistiques de l’horloger, la création, l’invention de nouveaux… « designs », la découverte de matériaux inédits mis au service du savoir-faire, et l’on aura compris qu’à ce moment de l’histoire, chanteurs, musiciens et horlogers sont sans doute les vrais fondateurs des premières chorales de la Vallée de Joux.
Il était une fois…
C’était vraiment un « temps lointain d’autrefois », en 1849, il y a un siècle et demi. Bien qu’aucun acte officiel ne le mentionne – il n’y en a tout simplement pas! – vingt-cinq chanteurs de ce bout du lac fondèrent la SOCIETE CHORALE DU BRASSUS.
Qu’est-ce qui pousse les hommes, à un moment donné, à se réunir régulièrement pour chanter en choeur les hymnes patriotiques et religieux?
L’isolement d’un lieu fermé sur lui-même, souvent très froid en hiver – à l’époque en tout cas! – entraîne les indigènes à lutter ensemble contre les éléments naturels, contre la solitude et les difficultés de se déplacer…
Il y va de la survie d’une région.
De petites communautés apparaissent dans les villages où, selon les goûts et les affinités, on cultive les arts: théâtre, poésie, peinture, musiques instrumentale et chorale, d’harmonie et de fanfare…
Il était une fois…
Un musicien du Brassus, il s’appelait Alphonse CAPT, il est le premier chef de la CHORALE DU BRASSUS.
Ses successeurs porteront des noms aux couleurs et aux musiques de la Vallée : PIGUET, AUDEMARS, MEYLAN, CAPT… Deux exceptions cependant, au XXe siècle: MERMOUD et CHARLET, venus de la plaine, a-t-on idée?
Le premier chant choral à voix d’hommes, chez nous, obéit d’abord à des exigences patriotiques, morales, religieuses et même politiques.
La jeunesse académique du temps – donc les étudiants, ceux de Zofingue -, rêvait d’une patrie forte, unie à l’intérieur, libre et fière en face de l’étranger. Pour elle, le chant masculin en commun était le moyen le plus simple et le plus direct de faire connaître son idéal patriotique. La Suisse existe, aimons-la, chantons-lui notre respect, notre admiration et notre reconnaissance. On croit rêver!
Aussitôt est née, un peu partout dans le pays, à partir de la Suisse allemande, une foule de petits et grands ensembles à voix d’hommes. Pendant un siècle, cette institution vécut son « âge d’or ».
Il était une fois…
Une belle vallée de montagnes, avec son lac légendaire, forte de 6500 habitants et qui, pendant un demi-siècle en tout cas, fut le réservoir envié du choeur d’hommes dans le canton de Vaud et même en Suisse. Il y en eut huit… Il n’en reste aujourd’hui que trois…
Dans cette explosion historique, il est important d’applaudir le rôle majeur qu’ont joué deux associations faîtières: la SOCIETE FEDERALE DE CHANT, fondée à Aarau en 1842, et surtout la SOCIETE CANTONALE DES CHANTEURS VAUDOIS qui, dès 1853, éveilla un engouement prometteur auprès des choeurs d’hommes de la Vallée surtout.
Il était une fois…
Une chorale, la nôtre, qui, comme les autres, est confrontée aux difficultés qu’un tel ensemble rencontre: a-t-on mesuré les problèmes qu’ont posé, pour les choeurs d’hommes, les crises horlogères, les guerres: celle de 1870, de 14-18, celle de 39-45? A chaque conflit, les hommes quittent leur travail, leurs familles, les rangs des chanteurs et s’habillent en militaire. Les sociétés doivent gérer des situations d’effectifs qui peuvent être fatales.
Le changement rapide des mentalités, l’arrivée sur le marché des distractions et de l’art à la portée de tous grace à la Radio et à la Télévision, l’avènement du sport bienfaisant mais omniprésent et fort tentant, la vogue des voyages et des vacances accessibles à tous, le boom financier, la multiplication des concerts, des manifestations, la création presque quotidienne de nouveaux petits ensembles vocaux mixtes, souvent éphémères qui drainent les chanteurs où ils le peuvent,
Le disque puis le CD faisant connaître au public et aux chanteurs des répertoires chorals nouveaux et vivifiants: finies les vieilles chansons fidèles au pays, finies les cantilènes amoureuses à l’eau de rose, finis les sentiments de fidélité au passé, tout cela aurait pu annoncer la disparition presque totale du choeur d’hommes.
Mais ils n’ont pas tous cédé aux sirènes ensorcelantes de la facilité, des jouissances rapides et éphémères. Il est des hommes que l’effort choral, l’imagination, l’exigence artistiques ne découragent pas, au contraire! Je ne sache pas que la volonté exigeante d’un chef et de son Comité avec lui ait effrayé les vrais chanteurs, les vrais musiciens.
Le choeur d’hommes qui, chez nous, a souffert pendant longtemps d’inquiétantes traversées du désert, se remet lentement de sa trop longue absence des scènes de concert et des églises. Nous nous en réjouissons et la CHORALE DU BRASSUS, qui n’est, pas plus qu’une autre, protégée des difficultés propres au choeur d’hommes, désire partager la joie des nouveaux élus, aider et soutenir leurs efforts exemplaires.
Pour qu’un choeur d’hommes vive et tienne ferme le bon cap, l’expérience nous a enseigné qu’il faut sans cesse se souvenir qu’il est un merveilleux rêve collectif où tous les chanteurs veulent être bien ensemble, heureux et fiers d’appartenir à un groupe de qualité, solidaire, fraternel, chaleureux. Les choristes ont besoin de cette entente, de cette exigence et de cette compréhension réciproque qui soudent le chef à son président et à son comité. De l’énergie, de l’imagination, beaucoup d’humilité envers la musique et les musiciens et enfin la responsabilité de choisir un répertoire de la meilleure qualité, à la portée des chanteurs, une musique qui les enrichit et leur révèle les beautés souvent cachées de la littérature pour voix d’hommes, voilà quelques idéaux auxquels je rêve souvent, tout éveillé, comme vous tous.
André Charlet
De Dobrich, en Bulgarie, au Brassus, en passant par Genève, la route est longue! Ce chemin, bordé par les eaux successives de la Mer Noire, du Léman et du Lac de Joux, Stanislava Nankova, notre cheffe, aujourd’hui Suissesse d’adoption, l’a parcouru au nom de cette musique qui l’habite et la fait vivre. L’arrivée au Brassus? Peut-être l’empreinte de ce père ténor, et membre d’un chœur d’hommes, qui ne vivra malheureusement pas assez longtemps pour voir sa fille diriger…
Mais reprenons les étapes de cette riche carrière : naissance à Dobrich, où Stanislava étudie le piano et l’accordéon au Conservatoire de sa ville natale, avant d’obtenir son diplôme de maître de musique dans un autre Conservatoire, celui de l’une des plus anciennes villes d’Europe, Plovdiv.
Ses études achevées, elle travaille à Dobrich comme professeur de musique et directrice adjointe d’un chœur de femmes, lauréat de nombreux prix internationaux. Stanislava fonde alors un ensemble vocal de dix chanteurs.
Sa passion pour le chant choral lui donne ensuite le courage, en 1999, de quitter son pays pour venir à Genève. Objectif? Etudier la direction chorale au Conservatoire de musique dans la classe d’un certain Michel Corboz. Une collaboration qui porte ses fruits: Stanislava obtient son diplôme de chef de chœur en 2002 puis, en 2007, un diplôme d’enseignement de la théorie, avec un travail de mémoire sur le chant byzantin. De 2008 à 2010, elle occupe un poste d’assistante au Conservatoire de Musique de Genève, avec un projet de recherche inter académique, toujours sur le chant byzantin. Ce chant liturgique traditionnel de l’Eglise orthodoxe, qui a longtemps symbolisé la résistance à l’envahisseur ottoman…
Une musicienne ne cesse jamais de se former: en 2013, Stanislava décroche encore un Master en Musicologie à l’Université de Genève. Là voilà qui gagne encore Londres pour se perfectionner en direction d’orchestre auprès de Peter Broadbent.
Outre la Chorale du Brassus, dont elle a pris la direction en septembre 2015, Stanislava Nankova dirige deux autres chœurs : le Liederkranz-Concordia au répertoire lyrique et le Chœur de la Madeleine, au répertoire d’œuvres sacrées. Sous sa houlette, des Suisses alémaniques, des Italiens et… des Combiers! Comment comprendre qu’une musicienne au parcours si riche trouve du plaisir à travailler avec des chanteurs amateurs? «Le travail avec les amateurs est beaucoup plus gratifiant qu’avec les pros, dit-elle. Il conduit à un échange émotionnel d’une autre nature!». Les choristes du Brassus peuvent témoigner de la force de ce partage…
Venez chanter avec nous des musiques que vous aimez:
Aucune expérience requise, juste l’envie de partager un bon moment et de découvrir le plaisir du chant choral.
Ici, on chante, on rit, et on crée des souvenirs inoubliables. Venez essayer, votre place vous attend !
c/o Jean-Marc Rochat, Président
Chemin de la Crosette 7
CH 1307 Lussery-Villars
Switzerland
Tél: +41 79 467 94 72
Email : info@choraledubrassus.ch
Stanislava Nankova
Genève
Tél: +41 76 397 38 65
Email : nankova@choraledubrassus.ch
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